vendredi 7 novembre 2008

Elisabeth Haydon : La symphonie des siècles aux éditions Pygmalion


La musique pour aller au delà de la réalité !
Si l’on me demande où j’ai passé mes vacances cet été, je dis que je suis partie faire un stage de Baptistrelle. Je suis allée au cœur de la terre découvrir l’antre du dragon, j’ai traversé les flammes et j’ai chanté tous les chants de la terre. Dès lors, je ne suis plus crédible puisque je chante faux comme une casserole.

Mais cet été, j’ai eu l’impression de découvrir un univers qui m’est étranger à cause de cette voix qui déraille, la musique. La musique comme un enchantement, comme un ensorcellement, comme une mise en couleurs du monde. La musique comme le tempo, la vibration de la terre, des légendes, la musique comme vecteur de la magie.

Elisabeth Haydon, en rédigeant cette saga de fantasy déclinée sur les pouvoirs de la musique, a défriché un chemin très original et plus que plaisant à suivre.
Elisabeth Haydon est musicienne, harpiste et chanteuse, donc la musique, elle connaît. Ses lectures de jeunesse, C. S. Lewis puis Tolkien l’ont enracinée en terres de légendes pour notre plus grand plaisir.

J’avais pris soin de collecter les différents opus pour lire « La symphonie des siècles » à la suite. J’en avais 5. Et puis, erreur de timing, il me manque le dernier volume à paraître prochainement (Octobre ou novembre). 6 volumes en tout.


Nous voyageons donc dans un univers médiéval métissant les cultures celtiques et nordiques. Ce qui permet de faire défiler sous nos yeux un imagier. Elisabeth Haydon a le sens du détail et l’on est émerveillé rapidement.

Le premier livre, composé de deux parties, « Rhapsody », nous permet de faire connaissance avec les héros de la symphonie. Des héros qui ne paient pas de mine, qui font même peur, voire qui n’ont pas l’air sympathiques du tout.
La spécificité de la « symphonie », c’est aussi la diversité des peuples qui y participent. On retrouve là l’esprit de Tolkien. Il y a les lirins, les bolgs, les dhraces, les cymriens... Chacun des peuples est lié à un élément vital de la planète et leur désunion provoque des catastrophes pour la survie de la planète elle-même. Petite leçon à notre usage de terrien actuel.


Rhapsody, la Baptistrelle, est le personnage auquel on s’attache immédiatement. En tant que Baptistrelle, Rhapsody se doit de soigner les gens, les plantes, d’aider la vie à s’épanouir par la puissance de la musique, du chant, des vibrations sonores. Autre caractéristique de Rhapsody, en tant que Baptistrelle, elle ne peut mentir. Ce qui est bien embêtant quand vous êtes mêlées à des histoires sordides, à des luttes de pouvoir politique. Rhapsody rencontre fortuitement Achmed et Grunthor. Plus antihéros, ce n’est guère possible. Ce sont des Bolgs. Tous les trois doivent s’associer pour fuir. Et presque l’intégralité du premier volume se déroule sous la terre dans un cheminement périlleux le long de la racine de Sagia, l’arbre dont les racines relient les continents. Premier périple et premier envoûtement.

A partir de là, j’étais prise au piège. Pas question de laisser tomber la lecture. Ce premier voyage sous la terre, avec la désespérance mais aussi le battement de cœur de la vie m’a enchantée. Tout simplement. Par son talent d’écriture, Elisabeth Haydon m’a comme qui dirait impliquée dans la destinée de ses personnages.
Je passe les détails car je vous invite à faire le voyage vous-même. De quoi renouer avec quelques mythologies de nos contrées. C’est le talent d’Elisabeth Haydon de tisser les mythologies avec la sensibilité d’une musicienne.
Entre parenthèse, j’ai lu ce livre en écoutant le groupe « Dead Can Dance » et de la musique tibétaine.
C’est un vaste tissage d’histoires qui nous est proposé. De l’Atlantide à la quête du Graal , d’Excalibur aux arbres enchantés. Tous les contes qui charment les passionnés de fantasy avec de la subtilité, ce qui n’est pas toujours le cas en fantasy et beaucoup de sensibilité.


Ensuite, le voyage continue. Il faut évidemment sauver le monde de la perdition. Le bien et le mal sont aux prises. Mais tout n’est pas évident. Il y a de la grisaille. Ainsi l’un des personnages, Ashe, au charme duquel on succombe, n’est pas ce qu’il paraît être. Surprise.


Après « Rhapsody » il y a les deux parties de « Prophecy » et là, ce sont les dragons qui nous emportent.
Sous la terre, bien des légendes demandent à venir à la lumière. Les personnages ne sont pas que des apparences. Ils ont une force de caractère, des faiblesses et des défauts qui les « humanisent ». Nos trois héros improbables sont devenus des amis. Il y a de l’humour aussi. Là où l’on s’y attend le moins.
Le suspense est tendu. On se croit toujours au bord du vide… Des personnages meurent. Elisabeth Haydon nous en fait voir de toutes les couleurs.

Pour les romantiques, il y a une superbe histoire d’amour. Déchirante comme il faut. Et voilà que pour une erreur de timing dans mes lectures, j’arrive en septembre et le dernier volume de la dernière partie « Destiny » n’est toujours pas sorti. Cela ne saurait tarder. Mais j’aime aussi cette impatience entre deux livres qui fait redécouvrir le plaisir des feuilletons.

Il n’empêche que j’ai été très étonnée de ne pas avoir entendu parler d’Elisabeth Haydon auparavant. Je trouve qu’elle est assez méconnue en nos contrées littéraires. C’est une excellente raconteuse d’histoires. Tous ceux et celles qui aiment la fantasy de Robin Hobb devrait trouver là une sœur d’écriture.


A lire comme une saga sur la trame tourmentée du temps.
Je conseille vivement de lire les livres à la suite les uns des autres sans rupture pour un accroissement du plaisir.
J’espère que les éditions Pygmalion nous ferons le cadeau de relier les 6 tomes en un gros volume comme ils l’ont fait pour Robin Hobb et George R.R. Martin !

A découvrir absolument dans l’attente d’autres traductions d’Elisabeth Haydon notamment le cycle sur lequel elle travaille : « The Lost Journal of Ven Polyphème » qui serait plutôt destinée à la jeunesse.

La symphonie des siècles par Elizabeth Haydon :
Rhapsody : Première partie, traduction de Marie de Prémonville
Rhapsody : Deuxième partie, traduction de Marie de Prémonville
Prophecy : Première partie, traduction de Marie de Prémonville
Prophecy : Deuxième partie, traduit par Jean-Pierre Pugi
Destiny : Première partie, traduit par Jean-Pierre Pugi
illustré par Benjamin Carré et publié chez Pygmalion




Muriyat

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